Après ces 4 premiers jours intenses à Katmandou au Népal et un réveil aux aurores, Stef, Seb, Arnaud et moi faisions route pour le Tibet. 4h de route durant lesquelles je paufinais mon scénario.
Durant toutes ces années, je m'étais rejouée la scène de mon entrée au Tibet. Je marchais doucement pour profiter de chaque seconde, imprimer chaque détail, chaque visage, pour que cet instant reste à jamais graver dans ma mémoire.
Le 6 mai 2014, à 13h58 heure locale, je posais donc le pied sur le sol tibétain avec beaucoup d'émotions. Ce moment restera inoubliable, mais pas pour les raisons que j'imaginais.
Au fur et à mesure que j'avançais sur ce pont qui reliait ces 2 pays, l'excitation laissait place à l'appréhension, et ce sourire béat sur mon visage disparu au bout du pont. Les autorités chinoises vous donnent le ton et les visages fermés contrastent tellement avec le sourire et l'hospitalité des népalais, qu'on hésite un moment à faire demi tour.
Heureusement Suonam est arrivé, notre guide pour les 10 jours à venir. Un tibétain 100% pour souche (Daaahahaha !!! J'peux lui sauter dessus ou ça l'fait pas ? Non ? Ok...) avec son visage tout rouge et tout rond, il est né, a grandit et étudié à Lhassa. En fait, il nous dira plus tard qu'il n'est jamais sorti de son pays... mais j'y reviendrai.
Remis de nos émotions au bout de 2h route, nous faisions halte à Zhangmu, première ville tibétaine, mais sans grand intérêt. Nous étions là pour remplir les dernières formalités.
Seuls souvenirs de cette ville : notre hôtel défraichit et les premiers troubles digestifs (ouuuh, c'est bien dit !) du séjour pour Seb ! :) (Non mais on l'avait prévenu de ne pas manger de Yak ailleurs que dans les grandes villes...)
Le lendemain matin, nous avions hâte de partir explorer le Tibet, le vrai et prenions la direction de Nyalam.
La route à flanc de montagne était magnifique. C'est là que nous avons croisé nos premiers Yaks et aperçu nos premiers drapeaux de prières. Il y en avait partout, des milliers, de différentes couleurs : bleu pour l'espace, rouge pour le feu, jaune pour la terre, vert pour l'eau et blanc pour l'air.
Pour les bouddhistes tibétains, le vent les faisant voler, disperse les prières et les textes sacrés dans les airs pour les transmettre aux dieux, aux divinités et à tous ceux qu'il touche sur son chemin. Nous étions émerveillés par ce spectacle !
Quelques kilomètres plus loin (une bonne centaine quand même), nous passions le col de Lalungla La et atteingnons les 4300m d'altitude.
Au sommet, nous avions une vue époustouflante sur le Xisapangma (8212m) et le Cho-Oyu (8201m). Un paysage à couper le souffle ! Nous en avons pris plein les yeux, je crois n'avoir jamais vu un panorama si beau (oui, heu, je crois que je vous le dis à chaque voyage non ? :))
Je suis restée un moment sans bouger (à 4300m toute façon, on court pas un marathon !), tournant sur moi même et savourant cette vue à 360° des hauts plateaux tibétains. La beauté unique de ces montagnes, tous ces drapeaux qui sont autant de prières, la chance insolante d'être là, m'ont fait monter les larmes. J'ai pleuré comme une enfant en réalisant alors que je touchais du doigt le rêve d'une petite fille (Bon, ouai, je pleurais aussi parce que Keanu Reeves n'était pas là... mais bon, je vais faire sans..:))) !
L'après-midi, sur la route pour Tingri, nous avons du faire une halte : checkpoint des autorités chinoises ! Et ce sera le premier d'une longue série ! A peu près tous les 150-200km, tout voyageur, qu'il soit touriste ou tibétain, est obligé de s'arrêter à ces contrôles de police. Hé oui, la Chine contrôle tout ! Ils vérifient que vous suivez bien l'itinéraire que vous avez déclaré, que vous passez par là le jour et à l'heure prévus. Si si ! C'est halucinant ! Cette atteinte à notre liberté et à celle des tibétains, surtout, nous a consterné !...
Arrivés à Tingri, petit village d'une centaine d'habitants (estimation personnelle) et perché à 4400m d'altitude, nous commençions alors à ressentir les premiers effets de l'altitude : fatigue, essouflements et maux de tête. Suonam a souhaité que l'on se repose et que l'on s'habitue à l'altitude pour nous préparer à la journée du lendemain.
Nous avons donc flané dans la rue principale de Tingri puis poussé doucement notre ballade jusqu'au monastère. C'est ici que nous avons tourné nos premiers moulins à prière ! "Et alors, t'as prié ?" Oui, pour chaque tibétain...
Le soir, à notre auberge, nous avons dégusté des plats typiquement tibétains (soupe, nouille, riz...) accompagnés d'un masala tee ! Un délice !
C'était aussi notre première nuit dans une vraie habitation tibétaine. Les maisons ici sont faites d'un mélange de pierre, bois et terre, et leur forme est optimisée pour préserver la chaleur (toit plat) et faire entrer la lumière. Les murs sont inclinés vers l'intérieur, précaution contre les tremblements de terre, et sont décorés au couleur des drapeaux de prières. C'est accueillant et chaleureux, tout comme les propriétaires des lieux et leurs filles. Elles nous ont chouchouté toutes la soirée, se moquant par moment de notre accent lorsque nous tentions de les remercier en tibétain : "Tou djé tché" !
Le lendemain, après une nuit pas franchement reposante (on ne dort pas bien à cette altitude...), nous partions en direction du sud pour aller voir l'Everest ! (Non, pas la bière hein! La montagne ! :)) Et promis, on n'a pas embarqué avec nous le ptit bout'chou a 3 ans qui nous a fait plein de sourires la veille ! Rho, les enfants tibétains sont trop beaux ! Ca donne envie ! (Non, j'déconne)
Plus de 3h de route à travers des paysages désertiques (pas facile pour la pause pipi...:)), juste somptueux ! Et au détour d'une montagne, il est apparu, comme sorti de nul part : le plus haut sommet du monde, l'Everest ! Impressionnant ! Cette fois, le plus scotché, c'était Arnaud, à son tour de réaliser un rêve de gosse !
Mais avant d'atteindre le camp de base, nous avons fait escale le midi à l'auberge de Rongbuk, village perché à 4920m. La vue d'ici sur la face nord de l’Everest est exceptionnelle ! Nous étions encore une fois bluffés par tant de beauté ! Et chanceux ! Suonam n'a cessé de nous dire combien nous avions de la chance que le ciel soit si bleu et que la vue soit si dégagée !
Une fois requinqués, nous avions hâte de reprendre la route et d'approcher ce monstre de glace ! Nous n'avons même pas pris le temps de visiter le plus haut monastère au monde. Construit en 1902, le monastère de Rongbuk a abrité jusqu’à 500 moines et nonnes (contre une 10aine aujourd'hui). Mais non, rien vu, l'Everest captait toute notre attention.
Nous avons alors parcouru les 8 derniers kilomètres pour rejoindre le camp de base, à 5150m d'altitude ! Nous avons déposé nos affaires dans la tente, salué nos hôtes et sommes parti aussitôt pour le point de vue sur l'Everest, à encore 2 kilomètres. Nous pensions alors les faire à pied, mais Stef a été prise de maux de tête. Nous avons alors opté pour le bus.
A la descente de celui-ci, nous n'avions plus que quelques mètres à parcourir... Mais ces 20 derniers mètres étaient surement les plus difficiles ! Nous arrivions alors à 5180m et l'oxygène se faisait rare (ouai, tu t'allumes pas une clope en haut quoi !). Et d'un coup, on y est ! On se retrouve face à cette montagne gigantesque... nous étions sur le toit du monde ! Quel spectacle ! C'est de toute beauté ! Nous sommes restés un moment à le contempler et à profiter de cet instant unique.
De là, il est possible de continuer le trek pour atteindre le camp de base 1 des alpinistes (tentes jaunes sur la photo), mais vu comme on en a ch*** pour monter là, nous ne nous y risquerons pas. Surtout que les premiers signes de mal des montagnes se manifestaient chez Stef. Prise de maux de tête, puis de nausées, nous avons du prendre le chemin du retour, direction Tingri, car la seule solution pour que ça s'arrête, c'est de redescendre.